Les Outre-Mer connaissent des problématiques sociales qui ont été mises en lumière par deux mois de crise sociale intense à Mayotte. Laurent Pinet, Vice-Président COORACE et Eric Béasse, Secrétaire Général COORACE se rendent sur place pour soutenir les entreprises du réseau, et faire en sorte, que pour l’emploi, les moyens soient enfin à la hauteur des enjeux.
Les Outre-Mer, un condensé de difficultés sociales systémiques
Quand la métropole connaît une crise, on sait que les Outre-Mer seront impactés au décuple. En effet, structurellement, les Outre-Mer connaissent une situation sociale extrêmement préoccupante, et tous les voyants sont au rouge. Le taux de chômage atteint en moyenne 25 % dans les Dom selon les données de l’Insee. Chez les jeunes, il dépasse partout les 50 %. Au-delà de l’emploi, c’est toute la sphère sociale qui est touchée : les inégalités sont quatre fois plus marquées qu’en métropole tandis que les politiques de santé, d’éducation, de logement sont très loin d’être à la hauteur des besoins de la population.
« La crise à Mayotte a fortement impacté notre activité. Nous avons perdu 50% de notre chiffre d’affaires et 6 000 heures de mise à disposition. Notre personnel n’a pas pu assurer ses missions auprès des publics en parcours d’insertion.
Cette crise était prévisible. Toute le monde (collectivités locales et l’Etat) a préféré regarder en attendant l’explosion. Mayotte est un territoire pauvre ; 84% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Le taux d’emploi est inférieur à 40%. Plus de 50% de la population vient d’un pays pauvre. Notre système produit naturellement de l’exclusion en l’absence de politiques publiques en faveur des personnes défavorisés » Lahadji Abdou, Directeur de Tifaki Hazi, entreprise du Réseau COORACE à Mayotte
Face à cette situation, les entreprises COORACE s’engagent !
17 entreprises du réseau COORACE s’engagent chaque jour dans leurs territoires pour accompagner des salariés vers l’emploi durable à Mayotte, La Réunion et en Guadeloupe. Ces 17 entreprises représentent près de 4000 emplois, pour un chiffre d’affaire de plus de 109 000 000 d’euros. Dans ce contexte social, cela représente un véritable défi qu’elles relèvent avec détermination et méthode. Du 20 au 25 avril, Laurent Pinet, vice-président COORACE et Eric Béasse, Secrétaire Général iront à la rencontre des entreprises adhérentes pour les soutenir et rencontrer, avec elles, les élu-e-s locaux. Ensemble, ils souhaitent que des moyens exceptionnels, à la hauteur des enjeux, soient déployés.
COORACE demande des efforts massifs pour l’emploi !
Alors que les acteurs locaux doivent présenter au gouvernement "le plan pour l'avenir de Mayotte" fin avril, la fédération COORACE demande que des moyens conséquents soient déployés, parce qu’on ne peut pas se résoudre plus longtemps à avoir un jeune sur 2 au chômage dans un territoire de la République.
Les entreprises COORACE locales, qui mettent en place le triptyque mise en situation de travail, formation et accompagnement doivent être aux avant-postes sur ce volet.
Elles demandent que :
- des moyens conséquents soient déployés afin de permettre la montée en compétences des salarié-e-s qu’elles accompagnent, notamment à travers le Plan Investissement Compétences prévu par le gouvernement
- une augmentation conséquente de l’enveloppe des Parcours Emploi compétences pour faire face à la situation d’urgence, en fongibilité avec les fonds réservés à l’insertion par l’activité économique
- la reconnaissance des acteurs de l’économie sociale et solidaire comme de véritables acteurs pour l’emploi, avec un effet levier important dans le territoire pour chaque euro investi. Un appui en conséquence est nécessaire pour leur changement d’échelle face à l’urgence de la situation.
Les rencontres prévues pour l’emploi dans les Outre-Mer
Le 20 avril, Eric Béasse, Secrétaire Général COORACE, Mohamed Nassor, Président-délégué de COORACE Océan Indien, et Lahadji Abdou, directeur de Tifaki Hazi rencontrent à Mayotte : Jacques Launay, Directeur du Pôle 3 E de la DIECCTE et Dominique Fossat, sous-préfet en charge de la Cohésion Sociale. Le 24 avril, Laurent Pinet, Vice-Président COORACE, Eric Béasse, Secrétaire Général et Johny Dijoux, Président de COORACE Océan Indien rencontrent à la Réunion Gilles Traimond, Sous-Préfet en charge de la cohésion sociale, Sylvie Guillery, Directrice de la DIECCTE et Bertrand Grondin, Conseiller Régional, Délégué à la formation et à l'apprentissage.
Le réseau COORACE en Outre-Mer, Portraits d’acteurs pour l’emploi
L’association intermédiaire Tifaki Hazi à Mayotte, de l’inventivité et du dynamisme pour faire reculer le chômage !
Tifaki Hazi contribue activement au développement social et solidaire à Mayotte depuis 1998, avec 336 salarié-e-s accompagnés chaque année.Avec un chiffre d’affaire de 1,5 millions d’euros, l’association ne cesse d’innover et de développer de nouvelles activités, utiles au territoire. En mai 2015, l'association lance la filiale Tifaki Services, une société qui intervient dans le lavage écologique de véhicule, dans le nettoyage industriel et dans les travaux de bricolages. Pour favoriser l’emploi durable, elle a également récemment créé l’association de service à la personne Tifaki Zema qui assure de la garderie d'enfants, du soutien scolaire, etc. En 2017, l’association a reçu le trophée Trophées mahorais de l'entreprise (TME) dans la catégorie Economie sociale et solidaire !
Bac Réunion : de l’insertion, de l’environnement, du numérique pour une Réunion inclusive et solidaire
BAC Réunion est une association intermédiaire qui recrute, forme et emploie chaque année 1650 personnes avec 78% de sorties dynamiques vers l’emploi ! En 1999, l’association a décidé de créer une ETTI (Entreprise de travail temporaire d’insertion), elle dispose aujourd’hui de 6 agences dans toute l’Ile. En 2014, elle lance l’ADRIE qui propose des parcours d’accompagnement vers l’emploi durable en y associant protection environnementale et développement économique. A travers ses deux projets phares, la Ressourcerie Léla œuvrant dans l’économie circulaire et son pôle numérique qui vise à lutter contre la fracture numérique, l’association souhaite impulser des comportements à la fois responsables et solidaires à La Réunion.
CRIPE-E2I-HER : Un ensemblier réunionnais au service de l’emploi
CRIPE-E2I-HER est un regroupement de structures dont le but est de construire un parcoursemploi-insertion dans la durée pour ses salariés. Il est composé de trois structures :
Le CRIPE : Association intermédiaire
E2I : Entreprise de travail temporaire d’insertion
HER : Entreprise de travail temporaire
En 2017, l’ensemblier a accompagné 630 salariés agréés par Pole Emploi via son association intermédiaire, avec un taux de sortie dynamique de 78% dont 40% en continuité de parcours sur l’Entreprise de travail temporaire d’insertion. Sur E2I, 173 salariés ont construit leurs parcours d’insertion avec un taux de sortie dynamique de 65% dont 29% en emploi durable (CDI ou CDD +6mois). HER a permis de retrouver une activité à 170 salariés sur l’année 2017, dont la grande majorité sont issus du CRIPE ou d’E2I.