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Hommage à Geneviève Guyon, co-fondatrice de la fédération COORACE

18 janvier 2018

Geneviève Guyon, militante syndicale CFDT, elle-même licenciée d'une entreprise redonnaise, avait ouvert, dès 1981 une permanence d'accueil et de soutien aux chômeurs de longue durée. Le bassin industriel de Redon avait connu de nombreuses crises ; le taux de chômage dépassait les 20% et de plus en plus de chômeurs étaient sans aucune ressource (le RMI n'existait pas encore). Geneviève se démène pour alerter et trouver des solutions aux chômeurs qui la sollicitent.

Depuis 1979 j'étais directeur d'un centre de formation d'adultes à Redon, chargé des plans de reconversion des ouvriers licenciés. Nous faisions les mêmes constats d'une urgence à trouver des solutions dignes pour les chômeurs. Ce sujet a été au coeur de la campagne municipale de 1983. Notre équipe de gauche gagne les municipales. Geneviève et moi sommes élus ; je deviens adjoint à l'économie et à l'emploi, Geneviève est conseillère déléguée et assure dès avril 1983 une permanence d'accueil des chômeurs, désormais gérée par la Ville de Redon.

Nous percevons très vite qu'il faut aller au delà de l'accueil et de l'accompagnement. Je propose à l'équipe municipale de redonner des droits sociaux par des remises au travail sur des contrats temporaires et des missions ponctuelles en direction des collectivités locales, des établissements publics, entreprises, associations, particuliers... Dès octobre 1983 nous créons l'association d'Aide et d'Intervention pour les Demandeurs d'Emploi (AIDE) afin de gérer ce prêt de main d'oeuvre. Geneviève Guyon prend sans hésiter le risque juridique de présider une association qui pratique un prêt illégal de main d'oeuvre et qui risque à tout moment un redressement fiscal. Les soutiens sans faillle de Pierre Bourges, maire de Redon, de 6 autres communes et de toutes les organisations syndicales, malgré leurs divergences, sont déterminants dans la  résussite de l'initiative qui, sans cela, aurait été tuée dans l'oeuf par l'administration de l'Etat. Claude Chantebel pour la CFDT, Jean Achard pour FO, tous deux aujourd'hui disparus, ont aussi joué un rôle déterminant auprès de nous. Geneviève avait une très forte capacité d'empathie avec ceux qu'elle accueillait et de sincérité dans ses combats qui désarmait les institutions et les technocraties diverses.

Mais pour faire entrer ce travail dans la légalité, nous avions besoin d'un mouvement plus large, et d'une organisation nationale. L'expérience de Redon était sollicitée par d'autres territoires à travers la France. Avec Geneviève, et avec Jean Achard, nous organisons les premières réunions qui donneront lieu à une coordination nationale qui préfigure la création officielle du Comité de Coordination des Associations d'Aide aux Chômeurs par l'Emploi (dit COORACE) en octobre 1985. Nous verrons ainsi arriver nos co-fondateurs : Jacques Labigne, Georges Minzière, Claude Bureau, Christian Lemoine, Roger Gueunier, Jean Yves Richaudeau… parmi beaucoup d'autres pionniers à travers toute la France.

COORACE est un mouvement collectif national né d'initiatives locales. La ténacité et l'audace d'une pionnière comme Geneviève Guyon ont très fortement contribué à sa réussite.

Jean-René MARSAC

co-fondateur de l'AIDE Redon en 1983

Premier président COORACE de 1985 à 1988