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Le réseau Coorace, pionnier sur les transitions alimentaires. Retour sur le webinaire avec Croix-Rouge Insertion, Baluchon, et les Paniers de la mer

15 février 2021

Dans le cadre de l’inclusive Tour, fin 2020, Coorace a proposé un webinaire autour des filières alimentaires, animé par Julien Baron, responsable innovation sociale et développement économique. Ce sont trois membres du réseau Coorace qui ont accepté de participer et nous ont donné l’opportunité de découvrir leurs activités à forte valeur ajoutée sur les territoires.

Croix-Rouge insertion, membre du réseau Coorace, a investi l’alimentaire dès sa création en 2011, notamment avec des chantiers autour du maraîchage biologique. « L’objectif de Croix Rouge insertion, c’est d’être présent sur toutes les étapes de la fourche à la fourchette, ce qui regroupe les activités de production, de transformation, de livraison, mais également bien sur les questions d’accès des plus précaires à une alimentation saine » explique Flavien Guittard, directeur d’Appro 77, un des 12 établissements de Croix-Rouge insertion, qui développe depuis 2017 des activités de logistique alimentaire en Ile-de-France.

Pour aller plus loin, Croix-Rouge Insertion a développé un partenariat sous forme de joint-venture avec la Criée d’Agde dans l’Hérault, qui permet de donner une seconde vie aux invendus des produits de la mer et du maraîchage. L’activité de transformation est réalisée dans un atelier intégré au cœur de la Criée.

Pour Flavien Guittard, l’alimentation saine représente un des enjeux prioritaires de demain. Dans une perspective d’avenir en effet, l’objectif de la Croix-Rouge est de « soigner l’humanité à plus de degré » ce qui implique de s’occuper de la sécurité alimentaire pour tous. Pour cela, il faut miser sur la relocalisation de productions, les circuits-courts, l’appui à la production et à la consommation locales « On structure cette filière circuit-court sur tous les territoires où nous sommes présents, explique Flavien Guittard, pour faire le lien entre la production locale et les consommateurs : particuliers, restaurateurs, restauration collective, épicerie, moyenne surface. » Tout cela créé de l’emploi sur les territoires, sur les activités de production bien sûr, mais également autour des métiers de la logistique. Ce sont des enjeux cruciaux en termes d’impact environnemental et social.

Baluchon, groupe d’entreprises sociales est né à Romainville en seine Saint Denis. Le groupe développe 3 activités principales autour de l’alimentation.

D’abord, une activité de traiteur en ultra-frais sans surgélation avec l’effort de consommer local. Louise Fourquet, Présidente de Baluchon, fait écho aux propos de Flavien Guittard sur les circuits-courts « Il y’a des difficultés d’approvisionnement en Ile-de-France, puisque la production maraichère n’est pas suffisante pour couvrir les besoins locaux ; la production maraichère de qualité est réservée en circuit-court aux particuliers »

Baluchon co-porte également une activité de restaurant anti-gaspi avec Emmaüs Défi, le Radis : Restauration anti-gaspi à double impact social « On collecte les invendus de la grande distribution, transformés dans nos cuisines et vendus aux centres d’accueil d’hébergement d’urgence, dans le cadre de leur marché de restauration. Il y’a donc un triple impact sur ce projet : agir contre le gaspillage alimentaire, proposer des produits de meilleure qualité aux bénéficiaires de l’aide alimentaire et créer de l’emploi sur les métiers de la restauration et de la logistique. Aujourd’hui, le Radis sert 400 repas par jour, précise Louise Fourquet, mais les besoins sont bien plus nombreux notamment dans cette période et il y’a un potentiel au développement de cette activité. Pour diversifier ses actions, Baluchon s’est lancé dans une activité de tiers-lieu hôtelier à Montreuil, la Maison Montreau avec une offre d’insertion dans les métiers du tourisme et de l’hôtellerie. « C’est l’opportunité de donner accès à ces métiers aux habitant.es notamment avec la perspective des jeux Olympiques 2024 qui vont créer de nombreuses offres sur notre territoire » explique Louise Fourquet

Mais baluchon va plus loin pour faire de l’alimentaire un vecteur de changements sociétal, environnemental, et un levier d’inclusion « On a développé un incubateur culinaire inclusif, pour permettre à des habitants de QPV de créer leur propre emploi autour de leur talent culinaire. Nous accompagnons également des entrepreneurs sociaux de la transition alimentaire à se lancer » explique Louise Fourquet. Pour elle, les étapes intermédiaires ont été peu investies dans cette recherche-action solidarité/alimentation : manutention, logistique. Ce sont portant de formidables leviers d’inclusion professionnelle et de rééquilibrage territorial. Avec le dynamisme du marché, on peut aussi recréer de l’artisanat dans des zones périphériques, conclut-elle.

L’initiative des paniers de la Mer a été développée dans le Finistère avec de la récupération de poissons non vendus en Criée. A l’époque, la réglementation européenne autorisait la récupération uniquement sur de l’appât, de la formation ou l’aide alimentaire. « Il manquait donc la transformation, explique Sophie Cazenave, directrice des Paniers de la Mer à Boulogne-sur-Mer, et le souhait était d’avoir un réel impact sur les territoires. Les Paniers de la Mer ont donc été créés sous forme de chantiers d’insertion avec ce triptyque :

  • La valorisation des ressources
  • L’aide alimentaire
  • Un support de formation pour les personnes

A Boulogne sur Mer, ce sont 80 tonnes de poisson par an qui sont redistribués à l’aide alimentaire par les Paniers dans la France entière. Il y’a aujourd’hui 4 paniers de la Mer dans toute la France, et chacun a développé des activités supplémentaires en fonction des besoins du territoire. « A Boulogne-Sur-Mer, l’outil de surgélation est arrivé tardivement, explique Sophie Cazenave, le poisson était distribué frais ce qui a donné l’opportunité de développer des ateliers cuisine pour les bénéficiaires. Ils ont été lancés dans les Maisons de quartier, les Centres Sociaux, les organismes d’aide alimentaire. Aujourd’hui, il y’a un salarié dédié, avec 350 ateliers par an et 1500 bénéficiaires individuels. »

Pendant le 1er confinement en mars, la structure se voyait remettre des produits frais ou manufacturés par les entreprises du territoire. Une activité de valorisation a été créé et 5000 repas transformés ont été distribués gratuitement à l’aide alimentaire. «Cela fait partie de nos projets anti-gaspi, explique Sophie Cazenave, pour un changement d’échelle, on cherche un nouvel atelier pour se développer ».

Ce temps d’échange n’aura pas manqué de montrer l’enjeu crucial de la filière alimentaire, pour les personnes et les territoires. Un grand merci aux intervenant.es pour le partage de leurs solution de territoire, de leurs expertises et ambitions pour la suite, qui ne manqueront pas de créer vocation et synergie.