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Achats socialement Responsables : les réseaux vous accompagnent.

22 juillet 2019

Concernant les Achats socialement Responsables, les entreprises solidaires peuvent se sentir démunies. Comment trouver les marchés ? Y répondre de manière efficiente ? S'associer pour muliplier ses opportunités. Joffrey Hacquin, Chargé de mission Achats Socialement Responsables du GRAFIE (Inter-réseau IAE pour l’Ile-de-France) et Pierre Guillien, Chargé de mission « Achats socialement Responsables », COORACE Ile-de-France nous éclairent sur l'état de ces marchés, la place de l'IAE et le rôle des réseaux pour appuyer les entreprises solidaires à sur les territoires.

Qu’entend-on par Achats Socialement Responsables ?

Joffrey Hacquin : L’achat responsable est un achat qui vise à créer des impacts environnementaux, sociaux et économiques positifs ou en tous cas à réduire les impacts négatifs de ces achats. L’achat socialement responsable est donc une notion plus spécifique, puisqu’elle se focalise sur les impacts sociaux. Parmi ces impacts sociaux, on peut citer : favoriser l’emploi local, améliorer le bien-être des salariés, favoriser la parité et la diversité dans l’emploi, permettre l’insertion des personnes éloignées de l’emploi… Une entreprise qui travaille avec une SIAE rentre donc dans ces démarches d’achats socialement responsables.

Pierre Guillien : Bon nombre d’adhérents remplissent également le critère environnemental de l’achat responsable. Permettant de favoriser l’emploi et l'inclusion en limitant leur impact sur l’environnement.

Comment les achats socialement responsables influent sur les différents marchés auxquels les entreprises solidaires peuvent répondre ?

JH : Depuis quelques années, on peut voir un réel changement opérer. Dans les marchés privés, évidemment, puisque les démarches d’achats responsables en entreprises vont de pair avec les démarches RSE. Mais dans les marchés publics également. Si l’ex-code des marchés publics incitait déjà à prendre en compte des considérations sociales dans les marchés (via les clauses sociales, marché d’insertion et les marchés réservés handicap) ; de nouvelles dispositions sont venues garnir le code de la commande publique depuis 3 ans (marchés réservés à l’IAE, possibilité de « sourcer » en amont des marchés et lutte contre le travail détaché).

D’une manière générale, les acteurs politiques comprennent que travailler avec une SIAE, c’est permettre de remettre des personnes dans l’emploi, sur des métiers non délocalisables et qui favorise la création de richesse au niveau local. Et la plupart ont des actions positives pour l’environnement de surcroit.

De l’autre, les structures de l’IAE développent leurs activités sur les marchés (53 M€ en 2013, 90M € en 2017), se rapprochent des autres acteurs de l’économie sociale et solidaire et prouvent par l’exemple aux acteurs traditionnels que leur modèle vertueux d’entreprise fonctionne économiquement.

Quels sont les moyens pour les structures d'être actrices des ASR : réponses, co-construction... Quel est le rôle des réseaux ?

JH : Si les achats responsables se développent, c’est avant tout parce que des acteurs qui, hier ne se comprenaient pas ou peu, se sont rapprochés. D’un côté, les entreprises et les acheteurs commencent à voir de plus en plus les SIAE comme des partenaires, et de l’autre des SIAE qui comprennent l’enjeu des marchés publics et ses règles (concurrence, délais,…).. Si je devais donner un conseil aux SIAE qui souhaitent se lancer sur les marchés : rapprochez-vous des acteurs de vos territoires, SIAE ou autres structures de l’ESS.

Les marchés bien qu’allotis ou réservés, ne sont pas toujours accessibles à une SIAE de par son volume. Et les réseaux sont aussi là pour vous aider, sur la veille, le rapprochement avec les autres SIAE, la réponse aux marchés, la rédaction de mémoire... Où que vous vous trouviez, un réseau départemental ou régional pourra vous aider. Pour exemple, nous travaillons de manière coordonnée avec COORACE Ile-de-France pour accompagner les SIAE à répondre, seules ou en groupement, au marché de donneurs d’ordres que le GRAFIE a accompagné.

Et pour celles et ceux pour qui toutes ces notions d’achats paraissent encore flous, nous proposons aussi des formations.

PG : Comme l’explique Joffrey, COORACE Ile-de-France vient compléter l’action du GRAFIE en proposant un accompagnement spécifique pour la réponse aux marchés, seul ou en groupement. La mission de COORACE est de permettre à des structures n’ayant pas systématiquement la compétence en interne ou nécessitant des conseils externes, de maximiser les chances d’obtention du marché. Cela se fait sous forme de prestation de service dont la tarification dépend du nombre de jours d’accompagnement et du statut de la SIAE (adhérente, adhérente à un autre réseau du GRAFIE ou non adhérente). Cette modalité d’accompagnement a fait ses preuves et a permis à plusieurs SIAE de se positionner sur des marchés.

- Les achats socialement responsables et notamment la réponse aux marchés mettent en avant la notion de coopération des structures et l’ouverture de l’IAE vers d’autres secteurs pour mutualiser et coopérer comme le handicap, quels sont les enjeux ?

JH : Un des sujets auquel nous avons réfléchi ces derniers mois avec l’UNEA (réseau du handicap), a été de réfléchir à comment permettre de travailler entre acteurs de l’insertion et du handicap. Car si le code de la commande publique favorise le recours à l’un ou à l’autre par les marchés réservés, il ne favorise pas le rapprochement entre les deux sur un même marché. Et c’est bien dommage ! Nous avons mutuellement des choses à nous apprendre. Les entreprises adaptées ont un positionnement commercial assez fort sur le privé, là où les SIAE sont plus expérimentées sur les marchés publics (via les clauses sociales) et l’accompagnement des publics.

Mais les marchés réservés ne sont pas la seule option. Par exemple, pour les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024, la Solidéo a mis un objectif de recours aux TPE/PME et structures de l’ESS à 25% du montant des marchés. Ce serait la parfaite opportunité pour un rapprochement entre SIAE et EA/ESAT, afin d’accéder à des marchés importants. Et les réseaux comme le GRAFIE peuvent évidemment accompagner les SIAE souhaitant se rapprocher d’EA ou d’ESAT, et des autres branches de l’ESS.

Nous avons déjà des exemples en Ile-de-France de partenariat entre l’IAE et le handicap, plutôt à un niveau local. L’idéal serait de le dupliquer à un niveau régional.

PG : Lors d’une animation DLA dans le 95, j’ai eu l’occasion d’accompagner à la création d’un GME (groupement momentané d’entreprises) plusieurs structures de l’IAE afin d’apporter une réponse forte et pertinente à un marché identifié. Également nous avons amorcé un groupement comprenant une EA (Entreprise Adaptée) une SIAE ainsi qu’une TPE. Ces formes de coopérations sont vertueuses et assoient la légitimité des structures à répondre à des marchés.