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Chômage : plutôt que de miser sur le contrôle, développons l’accompagnement !

06 avril 2018

Le 27 avril prochain, le gouvernement présentera son projet de réforme sur l’assurance chômage, la formation professionnelle et l’apprentissage. Dévoilées récemment par la Ministre du travail Muriel Pénicaud, les premières mesures de cette loi sont déjà controversées, notamment le « contrôle » des demandeurs d’emploi. La fédération COORACE s’interroge sur le sens de ces mesures, qui en plus d’être stigmatisantes, semblent peu enclines à faire baisser le chômage.

De combien de demandeurs d’emploi parle t-on ? 

Fin 2017, la presse diffuse les résultats d’une enquête menée par Pôle Emploi auprès de 270 000 demandeurs d’emploi. L’enquête montre que sur les 270 000 personnes contrôlées, 86% remplissaient bien leurs obligations, tandis que parmi les 14% restants, seuls 40% étaient indemnisés par l’Unedic. Ces chiffres sont d’ailleurs à relativiser car le choix des personnes contrôlées n’a pas été exclusivement réalisé de manière aléatoire (comme le précise SNC dans son communiqué du 20 février 2018). Le constat est clair : les demandeurs d’emploi, dans leur très grande majorité, recherchent activement du travail. Le contrôle ne les aidera pas, voire nuira à leur retour à l’emploi pérenne.

Le contrôle, un frein au retour à l’emploi ?

Que nous apprend cette enquête de Pole Emploi dévoilée en 2017 ? 20% des personnes concernées étaient découragés, et ont pu, grâce à un accompagnement renforcé, maintenir leurs droits et être remobilisés dans leur recherche. Cela montre bien que l’accompagnement global et le suivi individualisé sont déterminants.

Le réseau COORACE qui déploie sur tout le territoire le triptyque Formation/Accompagnement/Mise en situation de travail est témoin de l’importance capitale de ce suivi. Il redonne confiance, apporte des réponses aux freins périphériques, notamment sociaux, qui fragilisent le parcours vers l’emploi durable.

Or, le gouvernement annonce 600 agents chargés du contrôle à compter du premier semestre 2019, et 1 000 en 2020, sans qu’aucun renforcement des équipes ne soit annoncé en parallèle. Le contrôle s’opérera t-il au détriment de l’accompagnement ?

Un risque de durcissement à l’égard des plus fragiles

La mise en place annoncée du carnet de bord et la définition concertée de l’offre acceptable nécessitent un accompagnement particulier à destination des personnes les moins formées. Ces mesures risquent en effet d’induire des différences de traitement en fonction de la capacité des demandeurs d’emploi à exprimer leurs souhaits, à formaliser leur recherche et à utiliser les outils numériques. Alors même que le nombre de demandeurs d’emploi accompagnés par agent ne cesse d’augmenter, et que les agents se voient confier une double casquette contrôle/accompagnement, seront-ils en mesure d’assurer ce suivi auprès de celles et ceux qui en ont le plus besoin ?

La petite musique de dénonciation de la fraude sociale, récurrente, ajoute à la morosité et à la défiance du climat social. Les personnes précarisées ne peuvent être tenues responsables. COORACE défend au contraire l’idéal d’une société plus inclusive, où l’emploi se veut une responsabilité partagée.