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Plaidoyer du REFER : Développer le réemploi solidaire

26 juillet 2019

COORACE soutient la stratégie nationale pour le développement du réemploi du REFER :

"Ressourceries, associations Emmaüs, recycleries, sont des lieux qui collectent et donnent une seconde vie à tous les biens du quotidien. Fondés sur l’engagement des citoyens qui apportent chaque jour leurs objets, participent bénévolement au sein de leurs gouvernances ou de leurs ateliers, elles ont en commun d’être des acteurs à la fois des solidarités et de l’économie circulaire. Toutes œuvrent localement au service des deux objectifs prioritaires en matière de gestion des déchets : la prévention et la réutilisation.

Elles représentent une opportunité remarquable pour le secteur de l’environnement : en détournant une partie de la masse globale des déchets, elles sensibilisent, mobilisent et forment les citoyens à changer de comportements ainsi qu’à acquérir des ré exes vertueux en termes de réparation et de réutilisation. Grâce à leurs modèles et à leurs valeurs, elles font également de leur ouvrage quotidien un vecteur d’insertion pour les personnes les plus précaires. En n, elles sont des lieux de création de lien social, d’apprentissage, de partage d’expertise et de biens matériels, d’accueil et de soutien d’initiatives locales et participent de manière générale à la création d’un tissu social dynamique et résilient.

En contraste avec le secteur de l’occasion, elles réemploient tous les biens courants, y compris ceux à faible valeur ajoutée et impactent positivement la lutte contre le gaspillage et l’obsolescence des produits.

Depuis le Grenelle 2009 qui priorise la prévention et la réutilisation sur le recyclage, puis l’incinération et en n l’enfouissement, le maillage du territoire français en Ressourceries, associations Emmaüs et recycleries est en nette progression, mais bien en deçà des enjeux et des capacités. En effet, ces modèles de structures agissent dans un cadre législatif ambigu et encore ou en matière de réemploi. Fondées sur l’historique des mouvements de solidarité, ces structures se sont majoritairement constituées autour de nancements dédiés à l’insertion, ainsi que sur un ensemble de dispositifs très pluriels pouvant aller de la cohésion sociale, aux appels à projets pour la prévention des déchets, en passant par l’éducation à l’environnement.

En tant que secteur pourvoyeur d’emplois adaptés aux personnes peu quali ées - mais aussi formateur aux métiers indispensables à l’avenir des territoires (artisanat, réparation, logistique, makers etc.) - le réemploi représente un gisement potentiel d’emplois extrêmement dense sur le secteur de la gestion des déchets.
Ainsi, lorsque 10 000 tonnes sont collectées, leur traitement par le secteur du réemploi solidaire génère 850 Équivalents Temps Pleins (ETP), contre 79 pour le réemploi marchand, 31 pour le recyclage, 3 pour l’incinération et 1 pour l’enfouissement.

De plus, en collectant les objets et déchets pouvant être réutilisés, les structures du réemploi réalisent un travail de tri n qui participe à l’augmentation les quantités recyclées.

La loi pour la Transition Energétique et la Croissance Verte (LTECV) ambitionne pour 2020 la diminution de 10% de la quantité globale de déchets produits, mais aussi de diviser par 2 les quantités de déchets enfouis, et d’augmenter de 55% la quantité de déchets recyclés et compostés en 2025.
Les objectifs du paquet Economie Circulaire devant être transposés par la France dans le projet de loi Économie Circulaire sont encore plus ambitieux.

Pour accompagner ce changement d’échelle, Ressourceries, associations Emmaus, recycleries constituent une opportunité de taille : un très fort potentiel d’emplois et de mobilisation pour les citoyens français ainsi qu’un accès à un mode de consommation durable qui augmente le pouvoir d’achat. En dotant le secteur du réemploi de moyens adaptés, il pourrait être possible de développer plus de 2500 nouveaux équipements de proximité générant plus de 70 000 nouveaux emplois à horizon 2030.

Les cadres actuels de la réglementation tant européenne que française du champ de l’environnement (Responsabilité Élargie du Producteur, hiérarchie des modes de traitement etc.) offrent déjà le terreau d’un développement sans précédent de ce secteur particulièrement dense en emploi et remarquablement vertueux d’un point de vue environnemental, économique et social.

Bien qu’ayant 40 années d’expérience, ce secteur est plus que jamais d’actualité dans un contexte où le gaspillage des ressources et l’exclusion sociale font partie des plus grands dé s du XXIe siècle. À l’instar de l’ensemble du secteur déchet qui ne saurait exister sans le législateur et ses modes de nancements afférents, le secteur du réemploi solidaire a besoin de choix politiques pour lui permettre de répondre plus largement à ces dé s. 25% de la poubelle des ménages est potentiellement gaspillée.

Le Projet de Loi relatif à l’Économie Circulaire est le vecteur nécessaire d’un changement de paradigme pour la gestion déchets et le secteur du réemploi solidaire, de par sa dimension citoyenne peut en être à l’avant garde. 

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