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Hommage à Jacques Labigne

25 juin 2013

C'est avec une immense tristesse que nous vous annonçons le décès de Jacques Labigne le 24 juin dernier. 

Jacques Labigne est l'un des fondateurs de COORACE, dont il a été le second président à la fin des années 1980. Il s'est aussi fortement engagé dans le développement du CORACE Basse-Normandie. Lors de l'assemblée générale 2010 dédiée aux 25 ans de la fédération, il avait tenu à souligner la force de notre réseau, qui puise sa légitimité dans un engagement à la fois concret et réflechi en faveur des plus défavorisées. 

Homme engagé, serein, accueillant... Il a contribué à faire de COORACE la fédération dynamique qu'elle est aujourd'hui.

Nous tenons à le remercier et nous adressons à sa famille et ses proches nos condoléances attristées.

 


« Chers amis,

Je pleure un compagnon qui a marqué fortement ma vie. Si nous nous voyions très peu ces dernières années, à chacune de nos rencontres je me sentais immédiatement en phase et en complicité avec Jacques. Après avoir quitté la direction de l'entreprise de menuiserie d'aménagements de magasins et bureaux à Lisieux, Jacques s'est investi auprès des chômeurs de son territoire. Avec Claude Bureau, ayant eu connaissance, à travers Ouest-France, de notre expérience redonnaise, il nous a rejoint au cours de l'année 1984 pour contribuer à la création du Comité de Coordination d'Aide aux Chômeurs par l'Emploi (COORACE). Alors que j'étais le premier président de 1985 à 1988, il a immédiatement mis à disposition de notre organisation ses nombreuses compétences acquises à la direction de son entreprise, mais aussi dans l'animation de son syndicat professionnel et dans l'action politique locale. Il est un exemple très marquant de la diversité socio-professionnelle et militante des fondateurs du COORACE ; il avait une vision véritablement économique de l'insertion, une volonté de participer à la création d'entreprises solidaires nouvelles, une bonne connaissance des logiques de développement local. Nous avons ensemble organisé les premiers rendez-vous ministériels, courru les bureaux parisiens bien avant d'être nous-même installés à Paris, rédigé des textes sur des tables de bistrots, entre deux trains, organisé les premières rencontres avec les associations qui nous contactaient à travers la France.....

Cet appui d'un compagnon qui avait l'âge d'être mon père a été fondamental pour le jeune président que j'étais ; nos discussions et débats marquaient quelques différences d'approche sur le compromis que nous avions fait en 1986 pour la création légale des AI, mais nous partagions les objectifs et les moyens à mettre en oeuvre. Ce binôme s'est poursuivi avec beaucoup de bonheurs pour l'un et l'autre quand il a accepté en 1988 de prendre la présidence du COORACE pour que je devienne Délégué Général salarié. Ce qui m'a toujours frappé chez Jacques, c'est cette sérénité, cette paix avec lui-même qui lui permettait d'agir sans chercher à paraître, sans rechercher de lauriers, mais simplement la satisfaction des choses bien faites et le plaisir de la conversation et du débat (avec assez souvent l'esprit de contradiction pour débusquer des faux semblants) ; Jacques était politique au sens plein du terme, en recherche de l'intérêt général et du bien commun, avec cette pointe d'ironie et de phrases déstabilisatrices à l'égard de ceux qui prenaient trop au sérieux leur pouvoir.

La vie se poursuit, avec le souvenir et la trace très riche de ces compagnons qui nous quittent ; après mon propre père il y a un an, d'autres amis nonagénaires ces derniers mois, Jean Achard en octobre, Jacques aujourd'hui, je ressens à quel point cette génération des années 20 s'efface, avec tout ce qu'elle a traversé de ce qui fait notre histoire. C'est la vie ! Nous perdons nos pères. Les plus âgés de nos pionniers nous laissent assez désemparés, parce que cette séparation est une douleur, et parce que notre combat n'a pas encore, loin de là, produit ce que nous espérions. Alors, continuons. Au revoir Jacques que nous avons beaucoup aimé. »

Jean-René MARSAC
 

 

« Je m'associe au très beau témoignage de Jean René ; pour ma part, j'ai eu la chance de croiser Jacques le messager; il était venu dans le Gers plaider la cause des chômeurs et mettre en valeur l'action du COORACE, des associations intermédiaires, devant les élus du conseil général. Il avait convaincu avec sa sobriété et une sagesse militante qui forçait le respect ; il avait sû dire l'essentiel, pour entrainer militants et élus dans la cause de la lutte active contre le chomage par l'emploi ; c'était il y a 25 ans. »

Pascal MERCIER

 

« J'ai eu le plaisir de le rencontrer dès 1988 alors qu'il était président de Coorace. Homme chaleureux, intelligent, engagé, pragmatique, disponible, facile d'accès, peu embarrassé par les idéologies, nous lui devons le rayonnement national de COORACE. »

Jean Paul Courtial (Relais Ondaine Interim)

 
« Chers Amis,
Merci à Jean-René pour ce beau témoignage, auquel je souhaite m’associer. Mon entrée dans le réseau date de 1990. Croiser Jacques a été une chance pour moi, pour nous. Il avait un si beau regard (au propre comme au figuré) sur les autres, sur ceux qui souffrent et la pertinence de ses pensées forçait le respect. Toujours humble et discret (moi qui ne l’était pas), il ramenait toujours notre action à l’essentiel : garder le sens ; ne pas dévier de l’objectif…
C’était une belle personne. Amitiés. »
Thierry Bataille (Directeur MCAE ISERE ACTIVE)
 

« Je voudrais juste apporter un récent témoignage sur Jacques. Après être resté plus de dix ans en dehors du réseau Coorace, j'ai repris contact il y a un an et Jacques, dès qu'il s'en est apperçu, m'a envoyé un message très amical pour me demander de mes nouvelles. Voilà la preuve de la sincérité des relations qu'il a entretenues et consevées avec ceux qui ont eu la chance de travailler et militer avec lui. Comme le dit Thierry, c'était une belle personne.

Amitiés. »

Jean Michel David
 

« Je vous espère en bonne santé et toujours très engagés.Il y a encore du pain sur la planche !" ( Jacques Labigne le 16 Mai 2013 )

Ces mots de Jacques, il y a un mois, alors qu'il venait d'apprendre que ses derniers jours lui étaient comptés, illustrent la force tranquille et l'engagement de notre ami jusqu'à son dernier souffle. Militant de la justice sociale et du respect de la dignité humaine, il demeurera, pour nous cooraciens, un exemple aux côtés duquel nous avons eu la chance de faire un bout de chemin et que nous n'oublierons pas. 
En ces instants douloureux, je pense avec émotion à son épouse Marie Jeanne et ses enfants qui l'ont entouré.»
Jean Claude Le Maire


« Lettre à Jacques.
C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris ton départ vers l’Orient Eternel.
Je t’avais revu plusieurs fois depuis mon retour en Normandie et j’avais toujours autant de plaisir à converser avec Marie-Jeanne et toi autour d’u
n verre dans ton salon.
Je ne te l’avais jamais dit mais évidemment tu le sais, j’ai toujours eu une grande estime pour toi et je te considérais comme un père spirituel même si tu étais mon président employeur.
Je me rappelle ton accueil à la BAC en 1992 quand j’ai pris mes nouvelles fonctions :
"Tu regardes, tu observes, tu t’imprègnes du fonctionnement de la BAC et ensuite tu pourras aller démarcher les donneurs d’ordre."
Nous sommes restés dix ans à travailler ensemble et tu m’as appris mon métier de directeur avec toutes les subtilités d’accorder harmonieusement l’Economique et le Social.
J’ai toujours été surpris avec quelle aisance tu pouvais apporter la contradiction dans les débats en disant le contraire de ce que tu pensais. Mais c’était une façon de faire avancer les discussions.
Le pouvoir ne t’intéressait pas et seules comptaient les idées et les actions pour lutter contre le chômage.
Ton sourire et ton ironie pouvaient désarmer plus d’un contradicteur. Tes coups de gueule étaient rares mais portaient l’estocade finale. Je me rappelle un débat dans un forum avec des politiques où agaçé par les propos d’un élu, tu avais lancé :
 "Hé bien ! On n’a plus qu’à les gazer les chômeurs, le problème sera réglé."
Homme d’engagement et de convictions, tu es en plus une belle personne, avec une belle âme, et je suis certain que, où que tu sois, tu portes les valeurs d’égalité et de fraternité dans la liberté.
Je te dis au revoir mais tu restes dans mon cœur.
 »

Pascal, BACman

 

« C'est avec une profonde tristesse que j'apprends le décès de Jacques. Il a été dès 1987 avec Jean-René, à travers le coorace, ma famille de cœur dans cette lutte pour l'insertion par l'emploi. Ce fut un guide et un exemple pour moi, qui m'a permis de grandir. Aujourd'hui il rejoint tous ceux qui sont déjà au cœur de notre Panthéon. Ce n'est pas un adieu, ce n'est qu' un au-revoir. »

Philippe Buisson

 

« Chers amis,
Nous voilà tous tellement affligés par la disparition de Jacques. Jean-René, ton témoignage est bouleversant..
Que vous dire à mon tour, si ce n'est que bien entendu je suis à l'unisson... Vous m'avez sans doute entendu, les uns ou les autres, raconter comment Jacques m'avait "fait tomber dans la marmite cooracienne"... Cet engagement fort, je le lui dois, et croiser sa route a été pour moi une chance qui a modifié une partie du cours de ma vie ! Comment ne pas adhérer immédiatement aux combats, aux valeurs, aux convictions, quand le message passait par Jacques. Il a guidé mes premiers pas dans le réseau, m'a insufflé très tôt la stratégie de la construction et celle de la transgression.
Nous nous sentons tous lui devoir, à des titres divers, une infinie reconnaissance. Dans son souvenir toujours vivant, sachons poursuivre tout ce qu'il a engagé avec ces pionniers qui ont accepté de prendre beaucoup de risques. Il reste tant à faire.
Demain, présents ou absents à Lisieux, nous serons tous réunis dans le chagrin.
»


Jacqueline Saint-Yves.

 

« Merci Jean-René pour ce joli témoignage.
La première fois que j'ai rencontré Jacques, j'ai eu un choc, le même visage, la même prestance et surtout les mêmes valeurs que mon père, je n'ai pu m'empêcher de lui dire, il a souri... C'était il y a plus de 20 ans et je crois bien que je lui ai répété à chaque fois que je l'ai croisé car cette ressemblance était frappante.
Jacques tu vas leur manquer tellement, tu vas nous manquer.
J'adresse mes plus sincères condoléances à son épouse, ses enfants et toute sa famille.
Une lumière vient de s'allumer dans la voûte étoilée et scintille à jamais
.»

Maguy Ballester