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Pour un plan de rebond solidaire - Contribution du Collectif ALERTE

05 mai 2020

Le Collectif ALERTE réunit les grandes associations et fédérations de lutte contre la pauvreté dont Coorace

A l’approche du déconfinement et du redémarrage progressif de l’activité économique, ainsi que de la sortie des dispositifs de crise, le risque de crise sociale devient de plus en plus réel :

Les personnes en situation de précarité auront souffert plus que les autres de la période de confinement: isolement extrême pour beaucoup d’entre eux ; confinement ressenti plus durement du fait des conditions de logementou d’hébergement, a fortiori de sans abrisme; perte de ressources (disparition des petits boulots, de l’économie informelle, de la débrouille...) et accroissement du coût de la vie (dépenses alimentaires en hausse, fermeture des cantines scolaires et des marchés dans un contexte d’affaiblissement des circuits d’aide et de distribution alimentaires) ; rupture d’activité ou de formation, et donc perte de perspectives ; ruptures de droits et d’accompagnement ; cas de violence en microcosmes familiaux et sociaux sensibles ; dégradation de l’état de santé, stress et traumas...Nos associations peuvent témoigner de l’importance des liens que nous avons eu à cœur de cultiver tout au long de ces semaines, et qui nous ont permis d’entendre aussi chez ces personnesune vraie angoisse pour leur quotidien et pour les mois à venir, qui risquent d’être plus difficiles encore.

Le nombre des personnes précaires risque aussi d’augmenter fortement. Déjà, nos associations voient, tout comme les centres communaux d’action sociale, arriver un nouveau public de personnes qui n’avaient jamais jusqu’ici fréquenté les organismes sociaux mais n’ont désormais plus assez de ressources, parfoismême pour se nourrir, donner à manger à leurs enfants; elles expriment également leur crainte de basculer dans la pauvreté. L’accès aux moyens de paiement et aux services bancaires et financiers reste difficile pour de nombreuses personnes et familles. Les personnes les plus vulnérables constituent une clientèle stigmatisée. Des personnes condamnées à faire du troc pour obtenir des pièces de monnaie et avoir accès à des denrées et à une hygiène (douches, toilettes, lavomatic...) de base ou bien pour payer sur internet des factures se retrouvent en situation d’exploitation.

Enfin, notre système de protection sociale s’est avéré incapable de protéger des pans entiers de la population résidente en France, comme les personnes vivant à la rue, en squats ou bidonvilles, les étrangers en situation irrégulière ou les demandeurs d’asile. Nombre d’entre eux n’ont pas bénéficié d’un accès aux soins, alors que l’impératif de santé publique n’a jamais été aussi fort.

Face à cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas restés sans réagir. Ils ont su mobiliser des financements rapidement et ont pris parfois des mesures bienvenues et innovantes, par exemple dans le champ de l’hébergement, de l’aide alimentaire ou du maintien des droits sociaux (avec parfois, on peut le regretter, un manque de coordination entre les acteurs et notamment entre les départements ministériels, au niveau national comme au niveau local). Ils se sont très largement appuyés sur le tissu associatif, seul moyen bien souvent pour toucher les publics les plus précaires. Mais, alors que nous savons désormais que la crise sanitaire va durer de nombreux mois, le risque est important de voir les publics précaires s’enfoncer dans la misère et les publics modestes basculer dans la pauvreté. Les personnes en situation de fragilité sociale auront besoin, plus que jamais et plus que les autres, de la puissance publique pour survivre et pouvoir rebondir etla puissance publique aura besoin d’elles pour prendre des mesures qui correspondent à leurs besoins. La question de la pauvreté doit être prise en compte, dans toutes ses dimensions, dans le plan de relance global que prépare le
 gouvernement.

Dans ce contexte si spécifique, qui impose de revoir les modèles existants, il convient d’être innovant, de poursuivre et pérenniser nombre d’initiatives engagées, de renoncer parfois à des réformes pensées en d’autre temps, d’éviter toute mesure susceptible de fragiliser encore les personnes précaires, enfin d’imaginer des politiques publiques qui ne laissent personne de côté et permettent à tous d’accéder aux droits de tous. Cela impose que les plus pauvres soient associés à leur élaboration, leur mise en œuvre et leur évaluation. Cela impliquera de pouvoir prendre en compte les besoins des territoires les plus en difficulté, en particulier pour programmer les créations d'emplois et de places dans les dispositifs sociaux et médico-sociaux. Un plan spécifique à l'Outre-mer devrait également être lancé, pour lutter contre le sous-équipement sanitaireet social et les difficultés économiques massives de ces territoires.

Voici les différents axes développés dans la contribution complète :

1. Soutenir le pouvoir de vivre des ménages

2. Déconfiner sans expulser : vers le Logement d'abord

3. Rendre universel l'accès au système de santé

4. Repenser l'assurance chômage et favoriser l'insertion dans l'emploi

5. régulariser les étrangers en situation irrégulière

6. Luttercontre l’isolement des plus vulnérables, notamment des personnes âgées et des personnes en situation de handicap

7. Soutenir structurellement les associations

Télécharger la contribution complète